[HJ: alors j'ai posté ici parce que c'est neutre et que je n'avais aucune idée de l'endroit où le faire.]

Rester là à ne pas courir. Rester là à attendre le noir et les ténèbres. Resté là, quelque peu impatient, à attendre qu’on l’envoi faire ce qu’il avait à faire. Et non, ça n’arrivait pas. En fonction ? Oui, même s’il avait, encore une fois, décidé de faire comme si de rien n’était. On le lui reprochait constamment. N’en faire qu’à sa tête… À un tel point qu’il semblait même, à présent, ignorer les hurlements contre sa personne, s’en détournant la plus part du temps… Ou pire encore, répliqué en sachant pertinemment qu’il s’en prendrait forcément une. Mais il s’en moquait. Il refusait de plier. Malgré sa faiblesse. Malgré les larmes salée qui roulaient sur ses joues, le soir, avant qu’il ne s’endorme, et qui étaient toujours là, au petit matin, lorsqu’il se réveillait (pour les fois du moins où il dormait).

On lui avait dit qu’il se devait de rencontrer un individu, venant tout juste d’entre sur leur terrain et de… de… Enfin, de vérifier ce qu’il y avait à vérifier, que tout était en ordre… Franchement ! Il se disait vraiment que c’était n’importe quoi. Pourquoi ne pouvaient-ils donc pas se contenter de laisser entrer quelqu’un dans la ville, simplement pour le sauver du monde extérieur ? Mais non ! Il souhaitait sincèrement que celui là soit en ordre, par peur de devoir le mettre à la porte… Chose qu’il ne ferait pas, au risque de son propre… métier… Ils étaient toutefois bien habitués, maintenant, de côtoyer le caractère de l’adolescent qui se révoltait face à toute autorité, quelle qu’elle soit.

Ce fut donc de ce pas moyennement décidé que l’un des plus jeunes s’avançait, pour s’approcher tant bien que mal, arme à disposition, captant le moindre mouvement autour de lui, comme s’il avait un peu peur qu’on ne le surprenne et qu’on ne lui saute dessus sans qu’il n’entendre venir le piège dans son dos. Arrivé à destination, le gamin, de son air complètement frustré, un peu comme à son habitude, faisant ressortir sa mauvaise humeur du moment par un regard assassin qu’il envoyait directement sur… C’était quoi son nom ? La poisse, il ne le savait même pas ! Travail bâclé… Tant pis, il ferait sans… Il s’arrêta pour interpeller l’homme de sa voix qui signifiait qu’il n’était pas à emmerder ce jour-là… Ni la veille, ni le lendemain, ni jamais, d’ailleurs. Stan avait aussi l’habitude de se montrer ainsi, en sachant l’effet qu’il donnait, lorsque les gens remarquaient son jeune âge d’apparence.

« J’ai besoin de voir vos papiers, et tout, et tout… Quelles sont vos origines ? D’où venez-vous ? Pourquoi êtes-vous là ? Quelque chose en particulier ? Vous êtes seul à voyager ? Combien de monstres vous ont attaqué ??? Ah non, oubliez la dernière question… »

Sincèrement, le jeune Russe ne se trouvait pas le moindrement sérieux, et, encore plus sincèrement, il n’en avait rien à faire puisque de toute façon, il le laisserait passé, peut importe ce qu’il lui racontait, refusant de lui… refuser l’accès, quoi.

« Ho et j’ai besoin de votre notre, votre âge, date de naisse, même si je n’en vois pas l’intérêt… Enfin, tout ce qui est nécessaire à votre identification, quoi… »

Il y avait, chez le garçon, un mélange de politesse et un manque de tact royal. Il ne semblait tout simplement pas capable de se montrer sympathique envers quelqu’un. Il était méfiant sans l’être, pourtant, puisqu’il se moquait éperdument des réponses. Ce n’était, en fait, que pure formalité pour éviter qu’on ne le retourne à son taudis de malheur.

Il s'était rapidement éloigné du mur, prudent et aux aguets.
Un outlander fraichement urbanisé excitait l'avidité de beaucoup. Et il n'avait pas envie de se faire bêtement détroussé après avoir réussi à passer la frontière sans trop de pertes. Certains emmurés avaient eu tendance, dans le passé, à confondre Siberian avec Ded Moroz. Ils n'avaient hélas pas reçu les présents qu'ils espéraient.
Cette nuit là, cependant, aucun maraudeur ne tenta sa chance et il atteignit la place Peterhof sans encombre.
Les soldats lui avaient fait perdre trop de temps. Aucun hôtelier n'ouvrirait sa porte à cette heure de la nuit et surtout pas à un étranger. Il était donc bon pour passer le reste de la nuit dans le froid, dans une ruine inoccupée, les yeux grand ouverts et le corps tendu, à attendre l'aube.

Il se dirigeait vers la fontaine, s'appretant à briser la fine couche glace pour remplir une de ses gourdes lorsqu'il entendit le martèlement hésitant de bottes sur le pavé disjoint. Il se retourna, l'arme braquée, cherchant des yeux l'ennemi.
Il se retint d'appuyer sur la détente. Il n'était plus dans l'outland. Ici, chaque être n'était pas forcément une menace.
Il s'efforça de respirer calmement et attendit, immobile, que la silhouette qui s'approchait le contournât ou l'interpellât.
Il distingua mieux l'individu. Le menton dressé, un uniforme trop grand, une morgue toute militaire : un soldat.
Encore.
Il abaisa le canon de son fusil. Légèrement.

Le militaire ne se présenta pas, bien sûr, réclamant d'un ton abrupt où perçait une pointe d'hésitation ce qu'on avait déjà demandé et vérifié durant la moitié de la nuit.

Nicolaï se fit rapidement une opinion. A sa voix, sa nonchalance feinte, c'était une récente recrue. Qui tentait de l'intimider pour avoir le bakchich qui lui était passé sous le nez dans la guérite.
Mais Bakounine en avait ras le bol. Bakounine était fatigué, énervé et le soldat n'était pas un gradé...
Il haussa les épaules, se tournant à demi pour continuer sa route sans plus se soucier du quémandeur quand quelque chose, dans le ton, dans la démarche le fit hésiter.
Avec fatalisme il accepta de lui répondre, bien décidé à ne rien lui donner. Pas même sa carte ID.

Tout ça a déjà été vérifié... Des heures durant... Des dizaines de fois... Cet acharnement est-il bien nécessaire ?
Un soupir
Mais soit.... La fameuse bureaucartie russe, héritage soviétique je suppose...
Prenant le ton monocorde d'un écolier récitant sa poésie :
Nicolaï Balounine, ID D900-25897B, citoyen russe. Origine Nénets. 26 ans. Je viens de dehors. Côté Est... Raison du séjour : tourisme. Je voyage seul et je n'ai rien à déclarer monsieur l'agent. Mes maigres biens ont été... réquisitionnés... par vos collègues.
Pensez-vous que ces renseignements sont suffisants pour m'identifier, caporal ?
Devant l'air renfrogné de son interlocuteur, il réalisa qu'il s'était trompé.
Son sourire, de moqueur, devint plus compréhensif.
Le gars n'essayait pas de le rançonner, il avait l'air d'accomplir une corvée. On avait du le bizuter en l'envoyant en pleine nuit vérifier ce qui avait déjà été vérifié. Ces abrutis de chefs devaient ricaner en ce moment même devant une bouteille de vodka en imaginant le pauvre bidasse aux prises avec l'infâme et fourbe outlander.

Des tas....
De monstres...
Il précisa, devant l'air étonné du soldat.
Des tas de monstres m'ont attaqué. les derniers, c'était dans la salle d'entrée du Mur.... Mais, en fait, vous vous en foutez, de tout ça, non ?