Remains
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 Un lieutenant peut en cacher un autre.

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Gabriel Wolves
R.O. Graphico-RP

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Gabriel Wolves


Messages : 293


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Un lieutenant peut en cacher un autre. _
MessageSujet: Un lieutenant peut en cacher un autre.   Un lieutenant peut en cacher un autre. Icon_minitime1Jeu 9 Sep - 19:20

Une journée calme, presque trop calme, même si Gab' ne crachait jamais sur un peu de solitude. Tous ses loups étaient de sortie, l'un ici, l'autre là. Cela le dispensait d'entendre les matchs de trashball ou le cliquetis du clavier en fond sonore, et il ne s'en plaignait pas, loin de là. Il s'était étalé sur le canapé, bras croisés derrière la tête, écoutant de la musqiue en réfléchissant.
Cette chanson là, il l'avait découverte bien des années plus tôt, plus d'une dizaine d'ailleurs, et cela le ramenait à cette période de sa vie, avec un étrange sentiment de nostalgie mâtiné d'indifférence. Il n'en avait jamais parlé à personne, pourquoi? Au fond, il ne se souciait pas vraiment de ce qu'avait pu être sa vie. Pas plus que de ce que d'éventuels spectateurs n'auraient pu en penser. Et pourtant, il se refusait à s'ouvrir sur le sujet, restant hermétiquement clos la grande majorité du temps, n'acceptant que si rarement de lâcher quelques mots qu'il ne prenait jamais la peine de replacer dans leur contexte. Pourquoi?
Après tout, il ne pouvait pas dire que c'était quelque chose de douloureux, pas même en regard de l'environnement bien différent dans lequel il vivait à présent. L'habitude peut-être, tout simplement. Ou des difficultés profondes à envisager de partager une quelconque intimité qu'il ne tenait certes pas à s'avouer.

Il monta donc le son. Il se souvenait très bien. Il avait 20 ans, venait d'être promu lieutenant. Et une fête avait été organisée.

- Merde, Gabriel, mais c'est presque que t'aurais de l'allure là-dedans ! s'exclama l'un de ses compagnons d'arme en le voyant sortir de la chambre vêtu d'un costume loué pour l'occasion.

Il grimaça, roula des épaules, tira sur le col. Il se sentait complètement ridicule là-dedans, à côté de ses pompes, coincé, il n'avait rien à faire habillé comme ça, ce n'était pas sa vie. Mais il n'avait pas eu le choix. Un nouveau général de brigade avait été promu, en tant qu'officier, il devait accepter l'invitation. Non mais franchement, quelle idée. Une soirée à l'opéra... Pour dissimuler son malaise il jeta à son camarade un regard réfrigérant.

- Ouais, bon, ok, je me la ferme, ça va, t'excite pas non plus.

Il avait du se raser, se coiffer, ses cheveux étaient trop longs de toute façon, il allait devoir leur faire un sort à la tondeuse sous peu. Il avait du faire tout ce qu'il détestait faire pour la simple et bonne raison qu'il ne le maîtrisait absolument pas. Et pire encore, même s'il espérait pouvoir se faire oublier, il allait bien falloir parler un peu aux gens. Quand cela sortait du cadre des ordres à donner ou à recevoir ou des discussions de chambrée - auxquelles il ne participait pas tant que ça d'ailleurs - cela dépassait de très loin ses capacités.
Dans la voiture qui les emmenait, il resta concentré pour éviter de s'agiter dans tous les sens comme un gamin qui ne veut pas aller à un repas de famille. Les mondanités, les réunions sociales existaient dans un monde où Gabriel ne vivait pas, dans un monde où il n'avait jamais mis le pied. Un monde de sourires, de banalités, d'effusions sincères ou non, un monde dont il ne connaissait pas les règles et ne tenait pas à devoir les apprendre.
Sur le parvis du bâtiment, il eut un bref instant d'hésitation. Envisageant très sérieusement de tourner les talons et de trouver une excuse à son absence. Il se sentait envahit d'une atroce sensation de vulnérabilité, entrer là était pénétrer dans ce monde qui lui était totalement étranger.
Et ce fut sans surprise qu'il se retrouva frappé de plein fouet par la lumière et le bourdonnement des conversations alentours, totalement désorienté pour quelques secondes. Il prit un verre sur le plateau qu'on lui présentait, se força à un sourire qui devait avoir des allures de rictus carnassier au vu de la tête du serveur et se trouva rapidement un coin où se mettre et y rester. Un petit coin un peu moins éclairé, appuyé contre le mur, il attendait que le temps passe, son verre à la main sans pour autant le boire.
Il n'écoutait même pas les conversations, observant sans bien le comprendre le ballet des mondanités qui se tenait sous son nez, se sentant à chaque minute qui passait plus empoté et plus déplacé que jamais. Les regards lancés à la dérobée par certaines femmes d'officier lui échappèrent totalement, les rares personnes à avoir tenté de l'approcher étaient reparties bien vite, totalement découragées par son laconisme et sa froideur. Gabriel était sur la défensive et ne comptait pas en démordre.

Quand la foule commença à se mouvoir en direction de ce qu'il supposait être la salle de spectacle, il suivit le mouvement sans accorder un regard à qui que ce soit. Ce fut tout juste s'il ne bouscula pas le portier qui lui demandait son billet. Il se laissa guider jusqu'au poulailler. Après tout, il n'était qu'un petit sous-officier sans grande envergure, les meilleures places étaient réservées aux plus haut-placés. Mais cela, Gabriel, même s'il s'en doutait, n'y songea pas. Il n'avait pas même idée de ce à quoi pouvait ressembler une salle d'opéra avant ce soir, les considérations sur son placement étaient loin d'être sa priorité. Il jeta un regard autour de lui, tentant de dissimuler sa curiosité pour s'éviter de passer pour le gros bouseux qu'il était, étouffant la pointe de honte qui commençait à le brûler au creux de l'estomac. Il avait beau savoir qu'il n'était pas stupide, il n'avait aucune culture, pas la moindre. L'école n'était qu'un lointain souvenir où il avait tout juste appris à lire, à écrire, à compter et quelques bribes de l'histoire de son pays, où il n'avait plus mis les pieds depuis son 14ème anniversaire. Et ce qu'il avait appris au sein de l'armée n'était pas tout à fait dans le domaine des évènements culturels. A moins que l'étude du déploiement d'un bataillon d'infanterie pour en déduire la stratégie établie n'en fasse partie...
Le sourire qu'il fit à son voisin de siège était plus que constipé et Gabriel coupa court à toute discussion en détournant la tête au moment où l'autre ouvrait la bouche pour parler.

Bien vite, et bien heureusement, les lumière s'éteignirent et les conversations cessèrent. Et Gabriel oublia tout ce qui l'entourait, plus captivé et touché qu'il n'aurait bien voulu l'avouer par le spectacle qui était donné. Les yeux rivés sur les chanteurs et chanteuses qui se succédaient, il buvait le moindre son avec une avidité qu'il ne s'était jamais connu, vibrait à son corps défendant sur la musique qui se déployait.

A la sortie, il se sentait comme sonné, entendant vaguement les spectateurs se plaindre de la piètre qualité de la représentation qui avait été donnée. Lui n'en savait rien. Il n'y connaissait rien. Il avait aimé, bouseux incultivé qu'il était. Mais n'en dit rien. Il sortit sur le parvis, décidant de rentrer à pieds pour prendre l'air. Et sur le trajet du retour, il rangea soigneusement le souvenir de cette soirée dans un coin de son esprit. Ce n'était pas sa vie. Il était heureux d'avoir pu y goûter du bout de la langue, mais ses objectifs et son existence n'étaient pas là, et le lendemain, il aurait un entrainement à suivre, des problèmes à régler, une assignation à préparer. C'était ça, sa vie. La beauté et l'esthétisme étaient pour d'autres, nés ailleurs, vivant dans des sphères qu'il n'imaginait même pas.

Contemplant le plafond du hangar, Gabriel ôta les écouteurs de ses oreilles. Il avait son équipement à vérifier, des itinéraires à étudier. Il avait sa vie à mener. Même dix ans plus tard, même hissé au statut qui était le sien, qui lui aurait permis à l'époque de bénéficier d'un balcon et certainement d'avoir une très charmante compagne au bras pour cette soirée, il ne regrettait rien. C'était, de son point de vue, l'avantage d'être né au bas de l'échelle. Il suffisait de peu pour avoir l'impression d'avoir beaucoup. A laisser rêves et espoirs à d'autres que lui, il avait pu se forger une existence qu'il appréciait sans perpétuellement chercher toujours plus. Ses loups. Voilà ce qui comptait. C'était son œuvre, à lui, à eux, l'œuvre de leur vie.
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